Promenade-artistique
Parcourir Paris et ses environs, crayons et pinceaux à la main !
Pratique artistique
Peindre à l'extérieur : foire aux questions
1. Le lieu - 2. La météo - 3. Le sujet - 4. Au travail - 5. Et après...
1. Le lieu
1.1. Quel lieu choisir ?
Tout peut être peint. Même si certains « plisseront le nez, perplexes, devant cette gare désaffectée
ou ce silo à grain en se demandant ce que nous avons bien pu leur trouver », Anne Le Maître.
Normalement le peintre est accueilli avec bienveillance, mais évitez de vous installer
dans les lieux où cela pourrait gêner. Tout est affaire de bon sens.
Il peut être opportun de demander la permission.
1.2. Peut-on peindre au musée ? et dans les églises ?
Pour les musées, c’est en général accepté si vous êtes moins de 7. Ne sortez pas trop de matériel (parfois l’eau est interdite mais c’est rare, vive alors les crayons aquarellés, les pinceaux avec réservoir et les croquis), évitez les emplacements qui dérangent. Au-delà de 7, il faut généralement une autorisation.
Dans les églises, c’est possible quand elles sont ouvertes et en dehors des offices, avec la même discrétion. C’est aussi autorisé par exemple à la Mosquée de Paris.
Les marchés, les cafés tant qu’il n’y a pas affluence sont aussi possibles.
1.3. Où faut-il se placer ?
Choisissez un lieu calme. N.B. : le lieu peut être calme à votre arrivée et peuplé quelques heures plus tard. D’une manière générale, il vaut mieux arriver tôt sur site. Renseignez-vous.
Pour l’orientation, lire au point 2, la question « Il fait beau ».
Prenez le temps de réaliser votre repérage et de vous installer.
Evitez les pentes. Votre siège sera instable et vos genoux en pente soutiendront mal votre carton. Vos cuisses doivent être à peu près à l’horizontale.
1.4. Il y a du monde !
Choisissez un endroit avec le moins de passage possible. En étant dos au mur, vous éviterez les passages devant et derrière. Evitez les lieux qui gênent la circulation ou la visibilité.
En cas de trop grande affluence, faites simplement des croquis ou soyez patient et construisez votre « bulle ».
Gardez vos objets précieux sur vous. Voir la rubrique « matériel ».
1.5. Ils font des commentaires !
Ce sont souvent les enfants qui viendront vous voir en premier. D’une manière générale, les badauds sont plutôt admiratifs.
Si vous ne répondez pas, ils verront que vous vous concentrez sur votre travail. Si cela vous bloque, concentrez votre regard sur le paysage, pinceau à la main, mesurez les lignes, faites des mélanges de peinture.
Vous pouvez aussi choisir de bavarder. Cela donne des occasions de contacts qui peuvent être intéressants. En reprenant votre travail, votre interlocuteur devrait comprendre que vous mettez fin à la conversation.
Et pourquoi ne pas proposer aux enfants du papier et des crayons pour qu’ils dessinent à côté de vous ?
2- La météo
2.1. Il fait beau !
Le matin vous préfèrerez des paysages plutôt orientés à l’est et l’après-midi plutôt orientés à l’ouest.
C’est le sujet qui doit être éclairé pour que vous puissiez bien saisir les ombres.
Donc en général, il faut se mettre dos au soleil.
Il peut être plus simple de peindre face au soleil, il y a moins de couleur.
Il convient alors d'insister sur les valeurs.
Pour faciliter le travail, positionnez-vous de manière à ce que la palette,
votre papier et le sujet soient éclairés de façon identique.
Veillez au moins à ce que les ombres soient les mêmes sur votre feuille et sur votre palette pour une stabilité des couleurs.
Un parasol peut-être utile. Evitez les lunettes de soleil (voir rubrique "matériel"), préférez un chapeau à large bord.
Attention au soleil la peinture sèche très vite. Si vous voulez travailler dans « le mouillé », il vous faudra humidifier fortement votre feuille.
Les ombres vont tourner. Choisissez un moment pour bien marquer les ombres et vous y tenir.
Les ombres vont donner du relief à votre peinture, n’hésitez pas à les densifier. Parfois dessiner les ombres plutôt que l’objet permet de le suggérer et de bien le positionner. Au fait, les ombres ne sont jamais grises mais colorées.
2.2. Il pleut !
Quelques gouttes ! Dessinez au crayon noir, le papier sèchera. Ne mettez pas en couleur. Faites comme Eugène Delacroix, indiquez les couleurs à utiliser http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/45495621/0/fiche___pagelibre/&RH=1179904434078 . Prenez une photo.
S’il fait humide, votre peinture mettra beaucoup de temps à sécher. C’est difficile si vous travaillez avec plusieurs lavis.
Il pleut fort ! Mettez-vous à l’abri. Il y a souvent des sujets inattendus à saisir.
2.3. Il y a du vent !
Pour peindre à l’extérieur, des pinces sont indispensables si vous ne voulez pas retenir vos feuilles en permanence. Une marge sur votre feuille vous permettra de ne pas être gêné par leur emplacement.
Pensez aussi à vos cheveux. Pas facile de voir avec une mèche devant les yeux : barrettes, élastiques ou même pinces à dessin sont utiles.
2.4. Il fait froid !
La peinture aura aussi du mal à sécher.
Voir l’article « comment s’habiller » dans la rubrique « matériel ». Il parle des mitaines.
Une chaufferette pour les mains peut être utile. Un thermos avec une boisson chaude aussi. S’il fait vraiment trop froid, revenez un autre jour. A moins que ce soit le froid que vous dessiniez !
2.5. Le temps change, la lumière aussi !
Pensez à Monet avec ses meules de foins, à Turner avec sa cathédrale.
Attention au travail effectué trop lentement. En extérieur, il faut faire vite. Un conseil, positionnez rapidement les éléments.
J’ai expérimenté la mer qui monte et qui descend, le champ de blé que l’agriculteur vient soudain moissonner, le pêcheur qui fait voguer son bateau vers d’autres eaux, le camion qui se stationne juste devant la maison que je peignais…
Si tout à changer, vous avez deux options:
-
Notez des indications (voir la question : il pleut ! ). Fixez-vous à un moment pour indiquer ombres et lumières.
-
Revenez un autre jour à la même heure, avec une météo similaire.
En extérieur, il faut travailler vite pour capter l'ambiance.
2.6. Peut-on peindre la nuit ?
Des peintres l'ont fait. C'est une belle expérience. Cliquez ici pour avoir des conseils.
3. Le sujet
3.1. Et si je dessinais des personnes ?
S’ils sont proches, posez-vous la question de savoir si cela peut les gêner.
C’est comme lorsqu’on prend une photo de quelqu’un. Il faut du bon sens.
Si vous hésitez, demandez gentiment la permission. Si vous avez des doutes faites autre chose.
A moins que la personne soit immobile pour longtemps, il faut faire vite.
Entrainez-vous en croquant vos proches.
3.2. Il n’y a rien d’attrayant à peindre.
« En somme, la beauté est partout. Ce n’est point elle qui manque à nos yeux, mais les yeux qui manquent de l’apercevoir », Auguste Rodin, l’Art.
Regardez bien ! Cherchez un détail, cumulez des détails.
Faites des croquis rapides. Pensez à la manière dont sont faits certains carnets de voyage. Lire le paragraphe sur les carnets Delacroix dans l’article http://littexpress.over-blog.net/article-revue-303-le-carnet-de-voyage-s-69319402.html
Tournez-vous, regardez en l’air, à vos pieds, allongez-vous… déplacez-vous.
3.3. Tout est beau !
« Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ? », Pablo Picasso.
Il faut choisir le sujet, le limiter. Parfois, un détail en gros plan peut très bien rendre l’ambiance et l’émotion ressentie.
Essayer de placer un objet étrange, une curiosité: votre peinture racontera ainsi une histoire... Le regard y circulera...
« Le temps d’un dessin, qu’il s’attaque à la cathédrale de Dijon ou à une feuille de platane tombée dans le caniveau, à son sujet seul se limite l’univers », Anne Le Maître.
3.4. La vue est magnifique, mais ma feuille ne fait pas 360° !
L'œil ne voit pas à 360° sans tourner la tête. Installez votre siège. Choisissez ce que voient vos yeux sans les tourner, les lever ou les baisser et sans bouger la tête. L’horizon est à placer à hauteur de vos yeux.
Soit vous faites un croquis sur une grande feuille, puis vous choisissez sur ce croquis le cadrage à retenir. Pensez à la composition et soyez libre sur le format. Votre peinture n'a pas à être formatée par le format de votre papier.
Soit vous vous fabriquez un cadre en carton au format de votre feuille. Pour avoir un plan large ou plus serré, éloignez ou approchez le cadre de vos yeux. Vous pouvez même coller des fils en ayant soin de partager votre cadre en parties égales pour avoir des repères.
Vous pouvez aussi faire un cadrage avec un appareil photo ou un smartphone en zoomant plus ou moins. Lire au point 5, la question « Prendre une photo, est-ce que cela peut m’aider » ?
Plus souple, faites un cadrage avec vos mains que vous écarterez plus ou moins. Cette modalité vous laissera libre du format.
Pensez aussi au format vertical.
3.5. Il y a trop de choses à dessiner !
Limitez-vous. Lire au point 4, les questions « Je commence par quoi » ? « C’est trop compliqué » !
Détaillez uniquement là où vous voulez que le regard se porte. Faites juste des tâches ou des bandes de couleurs ailleurs, ou laissez du blanc.
Et pourtant, « Paul Klee, découvrant la lumière de Tunisie, écrivait à un ami qu’il ne peignait pas « ce qu’il voyait », mais plutôt le son du muezzin, l’odeur des chameaux, le parfum des épices et le moelleux des tapis… », Cécile Fillette.
3.6. Le regard s’étend à perte de vue…
Donnez de la profondeur à votre peinture avec des plans successifs. Repérez-les dans le paysage. Combien en retenez-vous ?
En général, les premiers plans sont plus colorés, plus intenses et détaillés. Les couleurs chaudes ont tendance à « avancer ». C’est-à-dire à venir vers l’avant de votre peinture et donc à dégager un second plan. Quelques touches suffisent.
Les plans plus éloignés sont plus clairs, moins contrastés, souvent bleutés, et plus flous. Les couleurs froides s’enfoncent dans le lointain…
Mais tout dépend de ce que vous voulez valoriser. Conduisez le regard et faites-le circuler dans la feuille. Sur quoi le regard va-t-il se poser d’abord ? Où va-t-il se promener ? Choisissez quelques points d'impact visuels et guidez le regard entre eux.
Lire la suite : 4. Au travail - 5. Et après



Michel Duvoisin
Monet